Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/543

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fait par son indépendance apparente qu’affermir la suprématie. C’est le secret motif pour lequel l’Angleterre au congrès de Vienne s’est intéressée au rétablissement de la prétendue indépendance hollandaise. Il en est de la Hollande comme des villes anséatiques. Elle n’est que l’humble servante de la flotte anglaise ; incorporée à l’Allemagne, elle aurait le commandement de la marine allemande. Dans son état actuel, la Hollande est loin de pouvoir exploiter ses possessions coloniales comme elle le ferait si elle faisait partie de la Confédération germanique, par cela seul qu’elle manque des éléments nécessaires pour coloniser, savoir d’hommes et de forces intellectuelles. De plus, la culture de ses colonies, telle qu’elle a eu lieu jusqu’ici, dépend en grande partie de la facilité de l’Allemagne ou plutôt de l’ignorance où est celle-ci de ses intérêts commerciaux ; car, tandis que les autres nations sont approvisionnées de denrées tropicales par leurs colonies et par les pays qui leur sont assujettis, les Hollandais n’ont que l’Allemagne pour écouler leur trop-plein de ces denrées. Mais, dès que les Allemands comprendront que ceux qui leur fournissent des denrées coloniales doivent consentir à recevoir par préférence leurs objets manufacturés, ils sauront qu’il est en leur pouvoir d’obliger les Hollandais à accéder au Zollverein. Cette réunion serait éminemment avantageuse aux deux pays. L’Allemagne fournirait à la Hollande les moyens non-seulement d’exploiter beaucoup mieux ses colonies, mais encore de fonder et d’acquérir de nouveaux établissements. L’Allemagne favoriserait la navigation hollandaise et anséate, et accorderait aux produits des colonies néerlandaises un traitement privilégié. En revanche, la Hollande et les villes anséatiques exporteraient de préférence les produits des fabriques allemandes, et emploieraient le surplus de leurs capitaux dans l’industrie manufacturière et dans l’agriculture de l’Allemagne.

Déchue comme puissance commerciale, parce que, simple fraction de nationalité, elle a voulu exister comme un tout ; parce qu’elle a cherché son avantage dans l’oppression et dans