Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/555

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droit de s’administrer elle-même moyennant une redevance annuelle aux gouvernements du pays. À côté de ceux-ci, d’après les précédents de l’Angleterre dans l’Inde, seraient placés des agents européens, dont les gouvernements indigènes seraient tenus de suivre les conseils en ce qui touche la sûreté publique, l’ordre et la civilisation.

Toutes les puissances du continent ont un intérêt commun et puissant à ce que les deux routes de la Méditerranée à la mer Rouge et au golfe Persique ne deviennent pas la possession exclusive de l’Angleterre et ne demeurent pas inaccessibles entre les mains de la barbarie asiatique. Il est évident que la solution qui présente le plus de garanties à l’Europe consisterait à remettre à l’Autriche la garde de ces points importants.

Toutes les puissances du continent, conjointement avec l’Amérique du Nord, ont aussi un égal intérêt à faire prévaloir la maxime : « Le pavillon couvre la marchandise, » et cette doctrine que les neutres ne doivent respecter que le blocus effectif de tel ou tel port, et non pas une simple déclaration de blocus contre tout un littoral[1].

Enfin le droit d’occupation des contrées incultes et inhabitées paraît avoir besoin d’être révisé dans l’intérêt des puissances continentales. On rit de nos jours de ce que le Saint-Père a osé jadis donner en cadeau des îles et de vastes régions, que dis-je ? partager d’un trait de plume le globe en deux parts et assigner l’une à celui-ci, l’autre à celui-là. Mais est-il beaucoup plus raisonnable de reconnaître un droit de propriété sur toute une contrée à celui qui le premier y a planté quelque part une perche ornée d’une guenille de soie ? Que, pour des îles de peu d’étendue, on respecte le droit de celui qui les a découvertes, la raison peut l’admettre ; mais quand il s’agit d’îles aussi vastes qu’un grand état européen, comme la Nouvelle-Zélande, ou d’un continent plus grand que l’Europe,

  1. List semble avoir prévu les déclarations échangées entre les principales puissances européennes à la suite du traité qui a terminé en 1856 la guerre d’Orient. (H. R.)