Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/89

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unes sur les autres au commencement de son article, sont en économie politique comme les fausses monnaies dans la circulation ; que des affirmations vagues et la prétention à un savoir exceptionnel ne prouvent que la conscience de quelque infirmité ; que ce n’est plus le temps d’attribuer à Adam Smith la sagesse de Socrate ni de considérer Lotz, qui l’a délayé en allemand, comme une grande lumière ; que lui, mon adversaire, s’il pouvait secouer le joug d’autorités en grande partie inapplicables, il acquerrait la conviction humiliante que ses nombreux écrits ont besoin d’une sérieuse révision ; qu’une si héroïque résolution, du reste, lui ferait beaucoup plus d’honneur qu’une persistance obstinée dans un savoir appris par cœur, qu’il contribuerait ainsi puissamment à éclairer les praticiens débutant en économie politique sur les vrais intérêts de la patrie, au lieu de continuer à les égarer.

Une pareille conversion devrait être considérée comme un résultat important pour le pays ; car on sait quelle influence des professeurs d’économie politique, même au début, surtout s’ils appartiennent à des universités en renom et fréquentées, exercent sur l’opinion de la génération présente et de la génération à venir. Aussi ne puis-je m’empêcher, autant que cela se peut dans une préface, d’aider la personne dont il s’agit à sortir de ses rêves théoriques. Elle parle sans cesse d’un monde des richesses. Dans ce mot il y a un monde d’erreurs ; il n’existe pas de monde des richesses. La notion de monde implique quelque chose d’intellectuel et de vivant, fût-ce même la vie ou l’intelligence animale. Mais qui pourrait parler, par exemple, d’un monde minéral ? Otez l’esprit, et ce qui s’appelle richesse, ne sera plus qu’une matière morte. Qu’est devenue la richesse de Tyr et de Carthage, ou la valeur des palais de Venise, depuis que l’esprit a disparu de ces masses de pierres ? Avec votre monde des richesses vous voulez faire exister la matière par elle-même, et là réside toute votre erreur. Vous nous disséquez un cadavre, vous nous montrez la structure et les parties constitutives de ses membres ; mais, de ces membres refaire un corps, leur donner la vie, les mettre