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Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/100

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qu’elles taisent, avec cette superbe qui ne daigne même pas se témoigner. A qui les a calomniées elles rendent

quand la bouche le proclame, si elle ne hait pas celui auquel les yeux jettent leurs plus séduisantes invites. Pour ces femmes, le besoin de la faveur commande la duplicité, comme une condition première, essentielle, inévitable, sine qud non, de tout ce qui fait le bienêtre de la vie, le charme et l’éclat d’une destinée ; le mensonge leur devient par conséquent une nécessité vitale, un besoin imperieux auquel il faut satisfaire sur l’heure, à tout prix. Dans ces conditions, il ne saurait jamais se transformer en un art, toute la ruse du sauvage captif voulant profiter de son maître, non s’en affranchir, rie pouvant se comparer avec le savoir-faire habile et ingénieux du diplomate et du vaincu. Aussi, pour s’entretenir la main, ces femmes, à quelque rang qu’elles appartiennent, femmes de cour ou de quatorzième tchin, ne disentelles jamais, au grand jamais, un mot de pure et simple vérité. Demandez leur s’il est jour à minuit, elles repondront oui, pour voir si elles ont su faire croire l’incroyable. Le mensonge, qui repugne à la nature humaine, etant devenu un ingrédient inévitable de leurs rapports sociaux, a fini par gagner pour elles on ne sait quel charme malsain, comme celui de lassa foelida que les hommes au palais blasé du siècle dernier portaient en bonbonnière. Elles ont comme un goût plus sapide sur la langue sitôt qu’elles se figurent avoir induit en erreur quelque naïf, avoir persuadé quelque bonne àme du contraire de qui a été, de ce qui est, de ce qui sera. — Or, pour autant de polonaises qu’on ait pu connaître , jamais on n’a rencontre une vraie menteuse. Elles savent faire de la dissimulation un art ; elles savent même le ranger parmi les beaux-arts, car lorsqu’on en a surpris le secret, on ne sait ce qu’il faut admirer le plus, du sentiment gcnéreux qui la dicta ou de la délicatesse de ses procédés. Mais, quelqu’ inimaginable finessequ’elles mettent à ne pas laisser comprendre qu’elles savent ce qu’elles prctendent ignorer, qu’elles ont aperçu ce qu’elles veulent n’avoir pas vu, on ne peut jamais les accuser d’avoir manqué de franchise, surtout pas au detriment de qui que ce soit. Elles ont toujours dit vrai ; tant pis pour ceux qui ne les devinaient pas. Elles sont bien assez habiles pour échapper à tout essai scrutateur, sans recourir au masque qui trahit la vérité et lue l’honneur. Toute l’adresse avec laquelle une polonaise derobe ce qu elle veut cacher du secret d’autrui ou du sien, l’impénétrabilité dont elle recouvre le fond de ses sentimens, le dernier mot de ceux que lui