Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/101

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un service, qui les a dénigrées devient leur ami, qui a traversé leurs desseins une fois le répare sans s’en douter en les servant cent fois. Le dédain intérieur que leur inspirent ceux qui ne les devinent pas, leur assure cette supériorité qui les fait régner avec tant d’art sur tous les cœurs qu’elles réussissent à flatter sans adulation, à apprivoiser sans concessions, à s’attacher sans trahison, à dominer sans tyrannie, jusqu’au jour où, se passionnant à leur tour avec autant de dévouement chaleureux pour un seul qu’elles ont de subtile fierté avec le reste du monde, elles savent aussi braver la mort, partager l’exil, la prison, les plus cruelles peines, toujours fidèles, toujours tendres, se sacrifiant toujours avec une inaltérable sérénité.

inspirent les autres, ce qu’elle pense <le tout el de tous, ce qu’elle compte faire et faire faire dans un cas et un moment donne, ne l’empêchent jamais d’être, non seulement sincere, mais ouverte, disant à chacun avec grâce, abandon et empressement, tout ce qui l’intéresse de savoir quand cela ne fait tort à personne. L habitude de vivre au sein du danger, de manier le danger, de se jouer du danger au milieu duquel elle a grandi depuis qu elle est au monde , donne à son imperturbable discrétion comme un instinct de salut pour tous. Il lui serait impossible de faire du mal par une parole Irréfléchie, passionée ou encolérée, même à un ennemi, tant sa pensee est naturellement tournée vers le devoir d’aider et de secourir. Ensuite, elle est trop pieuse, trop civilisée, elle a surtout Irop de tact, pour pousser la dissimulation au delà du nécessaire.— Entre elle et d’autres femmes, il y a la différence de la vaincue à l’esclave. La vaincue étant fièie, se respecte elle-même sous ses déguisemens ; l’esclave n’a plus souvent qu’une âme d’esclave. Elle ne sait plus ni dissimuler sans mentir, ni mépriser celui qui l’obligerait à mentir ; elle le craint ! El ici, la crainte du maitre est le commencement de la bassesse.