Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/104

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qui savent bien ce qu’elles veulent, mais ne trouvent pas toujours qui leur réponde, tiennent parfois ces femmes charmantes dans de longues alternatives entre le monde et le cloître, où il est peu d’entr’elles qui, à quelque instant de sa vie, n’ait sérieusement ou amèrement songé à se réfugier. Beaucoup, non moins illustres par leur naissance que par leur renommée dans le monde, y ont immolé leur beauté, leur esprit, leur prestige, leur empire sur les âmes, s’offrant en holocauste vivant sur l’autel de propitiation où fume jour et nuit le perpétuel encens de leurs prières et de leur sacrifice volontaire ! Ces victimes expiatoires espèrent forcer la main au Dieu des armées, Deus Sabaoth !… Et cet espoir illumine leur cœur, au point de leur faire atteindre parfois un âge presque séculaire !

Un proverbe national caractérise mieux en quatre mots cette fusion de la vie du monde et de la vie de foi que ne le peuvent faire toutes les descriptions quand, pour peindre une femme parfaite, un parangon de vertu, il dit : « Elle excelle dans la danse et dans la prière ! » Veut-on vanter une jeune-fille, veut-on louer une jeune-femme, on ne saurait mieux faire que de leur appliquer cette courte phrase : I do tança, i do roianca ! On ne peut leur trouver de meilleur éloge, parceque le polonais né, bercé, grandi, vivant entre des femmes dont on ne sait si elles sont plus belles quand elles sont charmantes ou [tlns charmantes quand elles ne sont pas belles ; le polonais ne se résignerait jamais à aimer