Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/105

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d’amour celle que personne ne lui envierait au bal, pas plus qu’il ne chérira éternellement celle dont il ne pense pas que, plus ardente que les séraphins dans les cieux, elle fatigue de ses implorations et de ses expiations, de ses oraisons et de ses jeûnes, ce Dieu qui châtie ceux qu’il aime et qui a dit des nations : elles sont guérissables !

Pour le vrai polonais, la femme dévote, ignorante et sans grâce, dont chaque parole ne brille pas comme une lueur, dont chaque mouvement n’exhale pas le charme d’un parfum suave, n’appartient pas à ces êtres qu’enveloppe un fluide ambiant , une vapeur tiède, — sous les lambris dorés, sous le chaume fleuri, comme derrière les grilles du chonir. —En revanche, la femme intéressée, calculatrice habile, syrène déloyale, sans foi ni bonnefoi, est un monstre si odieuxqu’il ne devine même pas les ignobles écailles qui se-cachent au bas de sa ceinture, artificieusement voilées. Qu’en advient-il ? Il tombe dans ses pièges et, quand il y est tombé, il est perdu pour sa génération, ce qui fait croire que les polonais s’en vont et qu’il ne reste plus que des polonaises ! Quelle erreur ! En fût-il ainsi, la Pologne n’aurait point à pleurer ses fils pour toujours. Comme cette illustre italienne du moyen-âge qui défendait elle-même son château-fort et, voyant six de ses fils couchés à ses pieds sur ses crénaux, défiait l’ennemi en lui montrant son sein d’où elle ferait naître six autres guerriers non moins valeureux, les mères polonaises ont de quoi remplacer les générations énervées, les générations qui