Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/108

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une beauté qu’il aurait vu deux fois, se souvenant que le parfum de la fleur ne laisse à jamais son plus poétique souvenir que lorsqu’elle ne fut jamais cueillie, jamais flétrie ! Il eût rougi de penser aux menus-plaisirs d’une volupté corrompue, en cette société où la galanterie consistait à haïr le conquérant, à mépriser ses menaces, à braver son courroux, à railler le parvenu barbare qui prétend faire oublier à l’Europe somnolente le mécanisme asiatique de sa savonnette à vilain. Alors, alors, l’homme aimait quand il se sentait aiguillonné au bien et béni par la piété, fier des grands sacrifices, entraîné aux grandes espérances par une de ces femmes dont le cœur a pour note dominante l’appitoiement. Car. en toute polonaise chaque tendresse jaillit d’une compatissance ; elle n’a rien à dire à celui qu’elle n’a pas de quoi plaindre. De là vient que des sentimens qui ailleurs ne sont que des vanités ou des sensualités, se colorent chez elle d’un autre reflet : celui d’une vertu qui, trop sûre d’elle même pour faire la grosse voix et se retrancher derrière les fortifications en carton de la pruderie, dédaigne les sécheresses rigides et reste accessible à tous les enthousiasmes qu’elle inspire, comme à tous les sentimens qu’elle peut porter devant Dieu et les hommes.

Ensemble irrésistible, qui enchante et qu’on honore ! Balzac a essayé de l’esquisser dans des lignes toutes d’antithèses, renfermant le plus précieux des encens adressé à cette « fille d’une terre étrangère, ange par