Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/117

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leurs supplications, ne leur aura point rendu l’intégrité de leur type primitif en leur rendant la patrie !

Les poètes de la Pologne n’ont certes pas laissé à d’autres l’honneur d ébaucher, (avec des couleurs plus fulgurantes que fondues,) l’idéal de leurs compatriotes. Tous l’ont chanté, tous l’ont glorifié, tous ont connu ses secrets, tous ont tressailli avec béatitude devant ses joies et religieusement recueilli ses pleurs ! Si dans l’histoire et la littérature des « anciens jours », (Zygmuntowskie czasy), on retrouve à chaque instant l’antique matronne de cette noblesse guerrière, comme l’empreinte d’un beau camée dans le sable d’or d’un fleuve dont le temps roule les flots anecdotiques, la poésie moderne dépeint l’idéal de la polonaise actuelle, plus émouvant que ne le rêva jamais poète enamouré. Sur le premier plan se dessinent l’épique et royale figure de Grazyna, le sublime profil de la solitaire et secrète fiancée de Wallenrod ; la Rose des Dziady, la Sophie de Pan Tadeusz. Autour d’elles, que de têtes charmantes et touchantes ne voiton pas se grouper ! On les rencontre à chaque pas au milieu des sentiers bordés de roses que dessine la poésie de ce pays, où le mot de poète n’a point cessé de correspondre à celui de prophète : wieszcz ! Dans ces vergers pleins de cerisiers en fleur, dans ces bois de chênes pleins d’abeilleries bourdonnantes, dépeints par les romanciers ; dans ces jardins où s’étalent les superbes plattes-bandes, dans ces somptueux appartemens où fleurissent le grenadier rouge, le cactus blanc