Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/144

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Rothschild, pour n’en citer qu’un seul, fit participer Rossini à d’excellentes affaires qui le gorgèrent de richesses. Cet exemple, qui eut ses nombreux précédens, fut suivi par plus d’un Rothschild et d’un Rossini au petit pied quand l’artiste préférait, (non sans un soupir peut-être), acquérir à bon marché un pot-au-feu toujours fumant, en renonçant à se nourrir de l’ambroisie des dieux qui laisse l’estomac vide, l’habit râpé, la mansarde sans soleil et sans feu !..

Qu’arrive-t-il de ce contraste ? Les cours épuisent le génie et le talent de l’artiste, l’inspiration et l’imagination du poète, comme la beauté des femmes éclatantes épuise par l’admiration incessante qu’elle provoque, les forces courageuses et viriles de l’homme. —Le monde bourgeois des enrichis étouffe l’artiste et le poète dans la gloutonnerie du matérialisme ; là, femmes et hommes ne savent mieux faire que de les engraisser, comme on engraisse les King-Charles des sofas de boudoirs, jusqu’à les faire crever d’embonpoint devant leur assiette en porcelaine du Japon. — De cette façon, les splendeurs des premiers et des derniers gradins de la puissance et de la richesse, sont également funestes à ces êtres marqués par le sort du signe « fatal et beau » ; à ces privilégiés de la nature, dont les Grecs disaient que le maître des cieux les ayant oubliés dans la répartition des biens de la terre, leur donna en compensation le privilége de monter jusqu’à lui chaque fois qu’ils en éprouvent le beau désir. Mais, ces êtres n’étant pas