Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

conserver une sérénité bienveillante et douce, qui comme un gage de tacite espoir et de consolation, ranime les plus sombres, relève les plus taciturnes, encourage les plus découragés, leur rendant, tant qu’ils restent dans cette atmosphère tiède et légère, une liberté d’esprit dont l’animation peut d’autant mieu\ mousser qu’elle fait plus contraste avec leur ennui, leur préoccupation ou leur maussaderie habituelles. Mais, les natures toujours rebondissantes ou toujours sereines sont exceptionnelles ; elles ne composent qu’une bien faible minorité. La grande majorité des êtres d’imagination, d’émotions subites et vives, d’impressions rapidement traduites en formes adéquates, échappent à la périodicité en toutes choses, surtout en fait de gaieté.

Chopin n’appartenait précisément, ni à ceux dont la verve est toujours en train, ni à ceux dont la placidité bienveillante met toujours en train celle des autres. Mais, il possédait cette grâce innée de la bienvenue polonaise qui, non contente d’asservir celui qu’on visite aux lois et devoirs de l’hospitalité, lui t’ont encore abdiquer toute considération personnelle pour l’astreindre aux désirs et aux plaisirs de ceux qu’il reçoit. On aimait à venir chez lui, parce qu’on y était charmé et parce qu’on y était à l’aise. On y était bien parce qu’il faisait ses hôtes maîtres de toute chose, se mettant luimême et ce qu’il possédait à leurs ordres et services. Munificence sans réserve, dont le simple laboureur de