Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/207

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il suspendait son vol. Chopin se refusait obstinément à s’enfoncer dans les tanières des forêts, pour prendre note des vagissemens et des hurlemens dont elles sont remplies ; à explorer les déserts affreux, en y traçant des sentiers que le vent perfide roule avec ironie sur les pas du téméraire qui essaye de les former.

Tout ce qui dans la musique italienne est si franc, si lumineux, si dénué d’apprêt, en même temps que de science ; tout ce qui dans l’art allemand porte le cachet d’une énergie populaire, quoique puissante, lui plaisait également peu. A propos de Schubert il dit un jour : « que le sublime était flétri lorsque le commun ou le trivial lui succédait ». Hummel, parmi les compositeurs de piano, était un des auteurs qu’il relisait avec le plus de plaisir. Mozart représentait à ses yeux le type idéal, le poëte par excellence, car il condescendait plus rarement que tout autre à franchir les gradins qui séparent la distinction de la vulgarité. Il aimait précisément dans Mozart, le défaut qui lui fit encourir le reproche que son père lui adressait après une représentation de YIdoménée : « Vous avez eu tort de n’y rien mettre pour les longues oreilles ». La gaieté de Papageno charmait celle de Chopin ; l’amour de Tamino et ses mystérieuses épreuves lui semblaient dignes d’occuper sa pensée ; Zerline et Mazetto l’amusaient par leur naïveté raffinée. Il comprenait les vengeances de donna Anna, parcequ’elles ne ramenaient que plus de voiles sur son deuil. A côté de cela, son sybaritisme