Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/236

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« d’un descendant de cette race d’antiques magnats, qui « ne savaient que boire, chasser et guerroyer ; ce n’était « point non plus la gentillesse efféminée d’un chérubin « couleur de rose. C’était quelque chose comme ces « créatures idéales que la poésie du moyen âge faisait « servir à l’ornement des temples chrétiens. Un ange « beau de visage, comme une grande femme triste, pur « et svelte de forme comme un jeune dieu de l’Olympe, « et pour couronner cet assemblage, unee xpression à « la fois tendre et sévère, chaste et passionée.

« C’était là le fond de son être. Rien n’était plus pur « et plus exalté en même temps que ses pensées, rien « n’était plus tenace, plus exclusif et plus minutieusement dévoué que ses affections Mais cet être ne « comprenait que ce qui était identique à lui-même « le reste n’existait pour lui que comme une sorte de « songe fâcheux auquel il essayait de se soustraire en « vivant au milieu du monde. Toujours perdu dans ses « rêveries, la réalité lui déplaisait. Enfant, il ne pouvait « toucher à un instrument tranchant sans se blesser ; « homme, il ne pouvait se trouver en face d’un homme « différent de lui sans se heurter contre cette contra« diction vivante

« Ce qui le préservait d’un antagonisme perpétuel, « c’était l’habitude volontaire et bientôt invétérée de ne « point voir et de ne pas entendre ce qui lui déplaisait en « général, sans toucher à ses affections personnelles. Les