Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/271

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d’orangers et de myrthes, semblait répondre par son site même au vœu ardent des jeunes âmes, espérant encore en leurs plus bénignes et plus naïves illusions, soupirant après le bonheur dans une île déseiie ! Il y respira cet air après lequel les natures dépassées icibas éprouvent une cruelle nostalgie ; cet air qu’on peut trouver partout et ne rencontrer nulle part, selon les âmes qui le respirent avec nous : l’air de ces contrées imaginées, qu’en dépit de toutes les réalités et de tous les obstacles on découvre si aisément lorsqu’on les cherche à deux ! L’air de cette patrie de l’idéal, où l’on voudrait entraîner ce que l’on chérit, en répétant avec Mignon : Dali in ! dahin !… lass uns ziehn !

Tant que sa maladie dura, Mma Sand ne quitta pas d’un instant le chevet de celui qui l’aima d’une affection dont la reconnaissance ne perdit jamais son intensité, en perdant ses joies. Il lui resta fidèle alors même que son attachement devint douloureux, « car il semblait que cet « être fragile se fut absorbé et consumé dans le foyer « de son admiration D’autres cherchent le bonheur « dans leurs tendresses : quand ils ne l’y trouvent plus, « ces tendresses s’en vont tout doucement ; en cela ils « sont comme tout le monde. Mais lui, aimait pour aimer. « Aucune souffrance ne pouvait le rebuter. Il pouvait « entrer dans une nouvelle phase, celle de la douleur, « après avoir épuisé celle de l’ivresse ; mais la phase du « refroidissement ne devait jamais arriver pour lui. « C’eût été celle de l’agonie physique ; car son attachement