Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/272

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était devenu sa vie et, délicieux ou amer, il « ne dépendait plus de lui de s’y soustraire un seul « instant »’). Jamais en effet, depuis lors, Mme Sand ne cessa d’être aux yeux de Chopin la femme surnaturelle qui avait fait rétrograder pour lui les ombres de la mort, qui avait changé ses souffrances en langueurs adorables.

Pour le sauver, pour l’arracher à une fin si précoce, elle le disputa courageusement à la maladie. Elle l’entoura de ces soins divinatoires et instinctifs, qui sont maintes fois des remèdes plus salutaires que ceux de la science. Elle ne connut en le veillant, ni la fatigue, ni l’abattement, ni l’ennui. Ni ses forces, ni son humeur ne fléchirent à la tâche, comme chez ces mères aux robustes santés qui paraissent communiquer magnétiquement une partie de leur vigueur à leurs enfans débiles, dont on peut dire que plus ils réclament constamment leurs soins, et plus ils absorbent leurs préférences. Enfin, le mal céda. « L’obsession funèbre qui « rongeait secrètement l’esprit du malade et y corrodait « tout paisible contentement, se dissipa graduellement. « Il laissa le facile caractère et l’aimable sérénité de son « amie chasser les tristes pensées, les lugubres pressen« timens, pour entretenir son bien-être intellectuel »2).

Le bonheur succéda aux sombres craintes, avec la

1) t.ucrezia Floriani. i Lucrezia Floriani.