Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/316

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Personne n’osant parler, l’on n’entendit plus que la voix de la comtesse ; elle plana comme une céleste mélodie au-dessus des soupirs et des sanglots, qui en formaient le sourd et lugubre accompagnement. C’était à la tombée de la nuit ; une demi-obscurité prètait ses ombres mystérieuses à cette triste scène. La sœur de Cbopin, prosternée près de son lit, pleurait et priait ; elle ne quitta plus guère cotte attitude, tant que vécut ce frère si chéri d’elle !..

Pendant la nuit, l’état du malade empira ; il fut mieux au matin du lundi. Comme si, par avance, il avait connu l’instant désigné et propice, il demanda aussitôt à recevoir les derniers sacremens. En l’absence du prêtre-ami avec lequel il avait été très-lié depuis leur commune expatriation, ce fut naturellement l’abbé Jetowicki qui arriva. Lorsque le saint viatique et l’extrême-onction lui furent administrés, il les reçut avec une grande dévotion, en présence de tous ses amis. Peu après, il fit approcher de son lit tous ceux qui étaient présens, un à un, pour leur dire à chacun un dernier adieu, appelant la bénédiction de Dieu sur eux, leurs affections et leurs espérances. Tous les genoux se ployèrent, les fronts s’inclinèrent, les paupières étaient humides, les cœurs serrés et élevés.

Des crises toujours plus pénibles revinrent et continuèrent le reste du jour. La nuit du lundi au mardi, Chopin ne prononça plus un mot et semblait ne plus distinguer les personnes qui l’entouraient ; ce n’est que