Page:Liszt - Le Tannhaeuser, paru dans le Journal des débats, 18 mai 1849.djvu/10

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lui semblait qu’un froid hommage ; mais peu de temps après il avait disparu sans que personne pût se rendre compte de son absence. Un jour que le landgrave revenait de la chasse, accompagné des minne-saenger qui avaient été ses rivaux et qui formaient la lumineuse pléiade de cette époque, ils le trouvèrent non loin du château, agenouillé sur le grand chemin, et priant avec ferveur en écoutant le chant des pèlerins qui traversaient la vallée pour se rendre à Rome. Bientôt reconnu, questionné, il ne répond qu’avec peine et réserve. « Il revient de loin, dit-il. » Et, plein de tristesse et d’abattement, il refuse de se joindre à eux, et veut poursuivre sa route solitaire. Wolfram d’Eschinbach, un des poëtes de ce temps qui a laissé le plus de renommée, s’obstine à le retenir, et lui parle d’Élisabeth, qui, silencieuse, pâle et voilée de mélancolie, n’écoute plus les bardes, ne revient plus aux fêtes, et se consume dans un lent chagrin, depuis qu’il s’est éloigné d’elle. Le chevalier répète ce nom avec l’accent des joies inattendues et, vaincu enfin dans sa sin-