Page:Liszt - Le Tannhaeuser, paru dans le Journal des débats, 18 mai 1849.djvu/5

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chapelle du Roi de Saxe, a fait représenter pour la première fois, à Dresde, son opéra le Tannhaeuser et la Guerre des poëtes à Wartburg. Le génie de ce compositeur, maître de diverses formes, lui permet d’écrire aussi le libretto de ses opéras et d’être à la fois le poëte de sa musique et le musicien de sa poésie, avantage précieux pour l’harmonieuse unité d’une grande conception lyrique. Ainsi qu’il arriva à cet instant où, ne se contentant plus du sentiment répandu dans leurs tableaux par les maîtres de la première école, on demanda à la peinture la réalité du dessin, du coloris et de la perspective, de même aujourd’hui, pour l’opéra, on prétend à un ensemble plus complet des qualités dramatiques, et la charpente du libretto fixe de plus en plus l’attention. Celui du Tannhaeuser est écrit avec un vif sentiment poétique et forme déjà à lui tout seul un drame émouvant, rempli des plus fines nuances du cœur et de la passion. Il s’y trouve de beaux vers, des vers hardis qui dessinent et accusent nettement les impulsions violentes ou sublimes. La musique exige de très bons chanteurs, et la représentation de l’ouvrage un assez grand déploiement de forces scéniques. Toutefois on a exagéré ces