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bois, (deux hautbois et un cor anglais), trois clarinettes, (deux clarinettes ordinaires et une clarinette basse), trois bassons, trois trombones et un tuba. Système ternaire, qui entre autres avantages, a celui d’attaquer et de soutenir l’accord entier par les mêmes timbres, ce qui éclaire et nuance son instrumentation d’un jour, qu’il dispose avec un art exquis, qu’il peut mélanger et harmonier avec la déclamation d’une manière aussi neuve qu’impressive, et faire singulièrement refléter sur elle. Wagner fait aussi un grand usage de la division des violons. En un mot, au lieu de s’emparer de l’orchestre comme d’une masse à peu près homogène, il le sépare en rivières ou ruisselets diflérens, et parfois si nous osions dire, en fuseaux de couleurs variées, aussi nombreux que ceux des ouvrières de dentelle, les mêlant, les enroulant comme celles-ci, et comme elles, produisant par leur étonnant enchevêtrement, une étoffe, une broderie merveilleuse et d’inestimable prix, où le mat d’un solide tissu, vient se plaquer sur les plus diaphanes transparences.

Dans un esprit aussi préoccupé de la poésie du drame, dans une organisation aussi sensitivement en éveil sur les impressions que portent à l’âme les moindres formes de l’art, cette tendance tout à fait propre à son génie, de scinder l’orchestre en trois courans de sons, qui, comme les eaux de quelques