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et de son éclat tout le luxe attractif qui avait précédé, resplendissant à mesure, qu’il se déploie tel qu’une nappe de soleil liquéfié, tel qu’un immense courant, emportant toute notre âme, tout notre être dans un Océan de Gloire !

Nous n’ignorons pas que le récit des impressions produites par certaines œuvres d’art, ne suffit pas le moins du monde à la critique qui les juge, les range, et les catégorise ; et en ceci nous sommes loin d’infirmer s’es arrêts, sachant les inconvenients qu’il y a, à les juger plutôt d’après les pensées qu’elles suggèrent, que d’après celles qui y sont réellement exprimées. C’est un écueil auquel une portion du public éclairé n’échappe guère, ce qui explique comment il arrive promptement à louer des œuvres médiocres, et à ne tenir que peu de compte de telles autres, qui sont de grand prix, mais qui offrent plus de profondeur que de surface, et exigent pour être comprises de plus parfaites connaissances, une plus complète appropriation des formes diverses de l’art. De nos jours, le public renferme un grand nombre d’esprits cultivés, qui, ne se bornant point à éprouver un plaisir indéfini, un tressaillement doux et cadencé, se plaisent à interprêter par des pensées et des images analogues, le sens de toute musique. Le compléter ou le dénaturer, devient par là également facile, aux imaginations vives et sensibles. Pour peu qu’elles ne soient point gui-