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Page:Liszt - Lohengrin et Tannhäuser, 1851.djvu/174

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aucun soin pour atteindre à cette fidélité, et y arrive quelquefois par des traits d’une touche si fine, qu’il y aurait peut-être lieu à craindre, qu’ils ne passent inaperçus à bien des yeux. C’est ainsi qu’après la première entrevue d’Élisabeth et de Tannhäuser, lorsque celui-ci la quitte, et qu’elle s’approche de la fenêtre pour lui adresser encore un signe d’amour, l’orchestre reprend durant quelques mesures une des phrases les plus suaves de leur duo, celle où elle le remerciait de son retour et exhalait la joie qui dilatait si puissamment son cœur, satisfaite qu’elle était de savoir qu’un prodige l’avait rendu à son amour, trop discrète, trop confiante, trop croyante en lui, pour oser pénétrer son silence, interpréter ses réticences, et tenter d’apprendre le mystère qui avait amené ce prodige ! — Beaucoup de nuances pourraient ainsi être citées, et pour n’en point omettre, il faudrait presque suivre par une constante traduction tous les dialogues. Restreint dans d’étroites limites, le poëte a su tirer parti de l’espace dont il disposait, et s’est appliqué à n’en rien perdre. Il a su éviter ces vers prosaïques que nécessite d’ordinaire le développement de l’action. Nuls n’y sont dépourvus d’une pensée élevée ou incisive. Ceux qui liront le texte en écoutant la musique de cet opéra, apprécieront les qualités exceptionelles que nous devons nous borner à indiquer ; elles pourraient ne point se perdre en passant dans une autre langue, cependant