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magne, aussi bien que de charmans poëmes pleins d’une grâce naïve, surabondans de pieux élans, d’aspirations vertueuses, et de douces illusions ; car celui qui connaissait si intimement nos meilleurs penchans, semblait vouloir sciemment ignorer, comment ils s’aigrissent, comment ils s’extravasent, comment ils se dessèchent dans l’âme humaine, et y laissent régner de plus énergiques et de plus rudes passions.

La statue est presqu’adossée à la cathédrale où Herder prêcha d’habitude. Cet emplacement n’a été adopté qu’après d’assez vives contestations, et beaucoup de personnes avaient désiré qu’on en choisît un autre, non sans de très-plausibles motifs de tous genres. Nous ne nous arrêterons point à considérer le plus ou moins d’orthodoxie dogmatique dont ce penseur fit preuve, lui, qui aimait le christianisme comme la plus douce des croyances, et admirait l’Église romaine comme le plus fort des gouvernemens, ce qui permettrait presque de dire, qu’il était tout près de se trouver plus catholique que chrétien. Nous comprenons l’apparente convenance à laquelle on a obéi, en plaçant ce monument auprès du temple où Herder remplit ses fonctions ecclésiastiques durant de si longues années ; mais nous ne pouvons nous empêcher d’avouer, que la partie du parc qui fait face à l’une des plus belles