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par chaque détail qui ne répondait point à la beauté suprême du principal élément de l’effet scénique, il crut qu’il n’y avait qu’à vouloir pour créer un Drame, auquel tous les arts que le théâtre embrasse, concourraient à la fois, dans une même perfection, et il se persuada que l’apparition d’un drame pareil, ferait nécessairement abolir la méthode actuelle, qui consiste à appeler alternativement au bénéfice d’un art préféré, le secours de plusieurs autres qui ne lui servent que d’auxiliaires et sont destinés, non à se développer eux-mêmes, mais à mettre en relief celui auquel l’auteur, dans sa composition, veut donner la plus grande importance. Wagner s’affirma à lui-même la possibilité de rallier en un seul faisceau, d’indissolublement unir et d’intimement entrelacer, la poésie, la musique, l’art du tragédien en premier lieu, et de les concentrer tous ensuite sur la scène. Tous, selon lui, doivent y être enclavés et exclusivement renfermés pour concourir à l’effet qu’ils sont tous appelés à produire par leur ensemble miraculeusement harmonieux.

Nous sommes fort loin de vouloir préjuger de la valeur des argumens, déjà passionnés, qui se croisent dans le monde musical de l’Allemagne, en attaquant ou en défendant ce désir d’une vaste conquête pour les manifestations splendides de la scène. La pensée de Wagner est osée mais belle ; son sou-