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hait d’une audace peu commune, mais digne d’un grand artiste, alors même qu’il serait irréalisable. Quand de pareilles ambitions se présentent, secondées par le génie, fussent-elles des erreurs, il devient presqu’aussi superflu de les préconiser que de les combattre, avec d’arides raisonnemens. Ne plaident-elles point assez en leur propre faveur, par l’éclat du but qu’elles cherchent à atteindre ? N’auront-elles point assez à lutter contre les faits, et les oppositions naturelles qu’elles rencontreront sur leur chemin ? Si elles doivent vaincre (et pourrait-on après tant de victoires imprévues leur dénier cette chance ?) pourquoi vouloir enrayer les roues d’un si beau char de triomphe ? Nous ne nous proposons donc nullement de collecter ici, ce qui peut être dit pour, ou contre le système de Wagner. Il en est assez qui s’en acquitteront avec une chaleur et une verve de partialité, qu’il nous serait impossible d’apporter à ce débat, et qui sont nécessaires peut-être à la mise en lumière de toutes les qualités et de tous les défauts d’un système. Nous nous sommes seulement crus obligés de donner cet apperçu sommaire des idées de l’auteur du Tannhäuser, sur ce qu’il nomme le Drame, parce que, Lohengrin, son dernier ouvrage, qui vient d’être représenté à Weimar pour la première fois, est celui qui d’entre tous, les manifeste de la manière la plus absolue jusques à présent ; celui qui semble