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semble voir les Cieux ouverts, tandis que de l’autre côté de l’empereur qui s’est avancé vers le milieu du groupe, on est étonné d’apercevoir une tête que la piété n’a point penchée. Tout près de Frédéric incliné dans une attitude de colère et d’involontaire terreur, qu’augmentent les murmures des amis qui lui conseillent de refuser un si étrange adversaire, est agenouillée une jeune femme dont les regards distillent la haine, et qui à la vue du cygne merveilleux, avait poussé un cri d’épouvante. C’est Ortrude, qui semble insulter à ce religieux élan, et son dédain altier attire l’attention du spectateur, en différenciant totalement l’expression de son visage, de celle des autres.

Lohengrin vainqueur fait grâce de la vie au vaincu, « afin qu’il la consacre au repentir. » Son motif caractéristique, le plus long de tous, car il a tantôt douze mesures d’adagio, et tantôt vingt-quatre d’allégro, revient avec fanfares, et le chœur final dans une jubilante allégresse, le déploie en entier, à un demi-ton plus haut. Elsa sauvée, disculpée, se jette dans les bras de son protecteur, et dans le magninifique ensemble qui suit, sa voix et ses beaux vers dominent constamment parmi les voix qui expriment la satisfaction joyeuse, l’émerveillement ravi de l’empereur et de la foule qui répugnaient à croire cette belle enfant coupable de crimes monstreux, la