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en succédant à tant d’anxiété, à des émotions si vives et si agitées, rappelle par sa brièveté éloquente, la solennelle simplicité des anciens tragiques, et produit un des momens les plus attendrissans qu’on puisse rencontrer dans le repertoire de la scène moderne. Lohengrin se révélant déjà comme un demi-dieu par sa miraculeuse intervention, nous découvre ainsi dès l’abord, que la Puissance qui a doué son bras d’une force surnaturelle, n’étouffe point dans le cœur de ses élus, ni les aspirations ni les tendresses de l’amour, et que ces tendresses ont des joies et des félicités si hautes, qu’elles peuvent faire chérir, même l’exil des suprêmes béatitudes, et emparadiser, même cette vallée de larmes et de violences.

On ordonne ensuite le combat. Le hérault le proclame. Les instrumens reprennent la phrase rhythmique du Jugement de Dieu, qui, pendant le duel est exécutée en canon entre les cuivres, les violoncelles et les contrebasses de l’orchestre, où l’on croit saisir la reproduction matérielle de la lutte des combattans. Avant que les champions en viennent aux mains, l’empereur fait une prière : tous s’agenouillent, et implorent la grâce divine pour que l’innocence soit vengée et le coupable découvert. À ce moment, le tableau que présente la scène est réellement imposant. Elsa ravie, les yeux levés,