Page:Liszt - Lohengrin et Tannhäuser, 1851.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73

spectateurs, exige une mise en scène très-belle, que notre théâtre n’a pu complétement réaliser. Ici les yeux doivent être occupés, afin qu’un spectacle pittoresque vienne varier les poétiques émotions, auxquelles l’auteur a fait appel sans interruption. Sur les théâtres où le nombre des comparses n’est pas suffisant, où leur costume n’est point assez varié, où leurs groupes ne sont point assez considérables pour produire une forte illusion de réalité, on ne saurait nier que cette scène de matinée ne soit fatiguante, et que le public exclusivement absorbé par l’attention qu’il prête à la musique, ne soit déjà lassé, lorsqu’il voit s’avancer la Princesse, suivie d’une quantité de hautes et puissantes dames, aux robes chamarrées, leurs écussons brodés sur leurs manteaux, leurs couronnes de baronies, comtés, et duchés ceignant leur tête, et rattachant leurs voiles.

Elsa paraît au même balcon dont elle était descendue la nuit, et longe les galeries du palais avant de se rendre sur la place. Derrière elle, un long cortége défile lentement sur une musique d’un caractère doux et recueilli, admirablement appropriée à la sainte cérémonie qui va être célébrée. L’onction qui y règne, la belle et pieuse émotion qu’elle reveille, sont d’autant mieux senties, que ce caractère suave et gravement mouvementé, est mis en relief