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approche des marches de l’église, elle s’élance furieuse devant elle, et s’écrie avec un éclat de rire insultant : « Arrière Elsa !.... Crois-tu donc que pour m’être humiliée devant toi pendant une heure, je te reconnaisse Duchesse de Brabant ?.... Avant que j’y consente apprends-moi quel est ce singulier champion de tes vertus ?… Le comte de Telramund, mon époux a été connu de tous ces seigneurs pour ses vertus loyales, et sa haute vaillance.... mais ton chevalier ose-t-il seulement dire son nom ?… Peut-il nous apprendre quelle est sa patrie ? d’où il vient ?… et comment il est arrivé ?… Oh, si tu n’oses te hasarder à le lui demander, c’est qu’il ne doit sa victoire qu’à des maléfices impurs ! et son mystère ne cache que d’infâmes magies !... » L’injure et l’outrage tombent de ses lèvres comme des étincelles de feu sur les pâles joues d’Elsa. Elle répond en amante, mais le trouble s’infiltre dans son âme.

En ce moment les trompettes qui précèdent le Roi suspendent les barbares invectives d’Ortrude, et celui-ci s’approche avec Lohengrin, suivi des Seigneurs et Chevaliers rassemblés autour d’eux pour se rendre aussi à la cathédrale. En voyant en face d’Elsa confuse et rougissante, son irréconcillable persécutrice, Lohengrin s’approche vivement de la jeune fille, et l’interroge sur la cause de son émotion. Lorsqu’il se tourne vers Ortrude pour expulser à