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la curiosité de la femme ; mais involontairement il les évoque dans notre mémoire. Combien de Fictions n’ont-elles pas recueilli comme un vague souvenir, ou renfermé comme un avertissement sage, le récit plus ou moins circonstancié, mais toujours attachant, d’irréparables catastrophes qu’amenait la faiblesse innée des femmes ? Sous combien de formes l’Epopée et l’Histoire n’ont-elles point dépeint la même lamentable succession d’irréfrenables et de fatales impatiences féminines ?… Cependant, chaque fois que la même tragédie, si connue ! nous est encore présentée, elle excite de nouveau tout notre intérêt, comme si son sens et sa vérité, n’avaient rien perdu de leur à propos pour chaque cœur ! Quel est en effet, celui qui ne prête à Dalila des traits qui lui furent chers peut-être ?.. Quel est celui qui, dans la curieuse Pandore ou l’imprudente Chriemhilde, ne reconnaisse des types apparentés et non disparus, de celles qui ne savent garder le silence dû au mystère, ni en le respectant, ni en le taisant ? Quelle que soit l’imagination riante ou sombre des peuples qui leur prêtent plus de grâce dans le Midi, plus de grandeur dans le Nord, il suffit de l’enchaînement des situations à peu près semblables que provoque la Beauté téméraire, pour exciter toujours en nous la même avide sympathie.