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détruit ! — Les trompettes couvrent cette sombre teinte, entonnant le motif propre au Lohengrin, au moment où se présentant, il annonce à l’Empereur et à sa suite, qui croyaient qu’il allait se joindre à eux pour prendre les armes contre les ennemis de l’Empire, qu’il n’arrive point dans ce but... qu’il vient comme accusateur ! — « C’est Frédéric, comte de Telramund, dit-il, que j’accuse d’abord devant vous (dans cet instant le motif du duel est encore mentionné) d’avoir voulu me surprendre de nuit, et si je l’ai tué dans ma propre défense qu’on dise si j’ai fait mal ?… J’accuse après cela devant le monde entier, Elsa, la femme que Dieu m’a confiée, de s’être laissée induire à trahison envers moi !.. Vous avez tous entendu le serment qu’elle a juré... elle l’a rompu... séduite par de pernicieux conseils... Pour satisfaire donc aux questions de son doute insensé, je vais vous apprendre qui je suis.. et vous jugerez si ma noblesse peut s’égaler à la vôtre !… »

Un oubli graduel du monde qui l’environne semble s’emparer de lui et dans une sorte de ravissement extatique, il raconte, sur un mode d’une suavité pénétrante et enivrée, comme les exhalaisons nocturnes d’un bois d’oranger en pleines fleurs, pendant que l’orchestre reprend dans toute sa magnificence le motif de la première introduction, « qu’il