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les trompettes appartenant aux diverses troupes des Seigneurs, les saluent tour à tour, se joignent, s’animent de plus plus, et éclatent enfin toutes simultanément. Leurs rhythmes trides, en se serrant, produisent une sorte d’acclamation et de hourra ; un roulement prolongé de tambours, ajoute à la clameur assourdissante qui se termine, lorsque le Roi s’assied sur son trône placé sous un vieux chêne. Bientôt après on apporte sur un brancard le corps de Frédéric.

Elsa s’avance, la tête baissée, abattue, consternée ; et le peuple étonné murmure ses louanges sur son passage. La mélodie sur laquelle fut fait le commandement de Lohengrin à Elsa, est reprise pour la dernière fois, puisque le secret qu’elle voilait va être découvert à tous les yeux. L’exclamation admirative des assistans, par sa réunion à cette phrase musicale, nous fait souvenir comme une parole enseignante, combien toute la vertu d’Elsa reposait sur sa confiance, sur son humble obéissance, sur son fidèle silence ! En continuant, le chœur dit : « Mais qu’elle est triste, qu’elle est pâle !… » et pour la dernière fois aussi, on entend la mélodie qui, durant le second acte, est si fréquemment reprise : la mélodie qui avait grincé comme des morsures de rage, sous les imprécations d’Ortrude. L’œuvre de l’iniquité humaine est accomplie ; le bonheur d’Elsa est