propre engagé à jeter et à recevoir le plus possible de ces bonbons d’arlequin. Tels sont les derniers jours du carnaval de Milan.
Si vous êtes spectateur oisif, vous jugerez pédantesquement : voilà un plaisir stupide. Devenez acteur, la fièvre vous prend ; vous ne cherchez plus ni philosophie ni logique là où il n’y a que mouvement et bruit. Et vous passez quelques heures en dehors de vous, ce qui n’est pas un mal pour beaucoup de gens.
Adieu, mon ami. Ma lampe s’éteint, le jour approche. Je me suis laissé aller à causer ainsi que nous avions coutume autrefois dans ma mansarde de la rue de Provence ; pauvre mansarde ! ne l’avez-vous point oubliée ? Vous souvenez-vous de ces douze pieds carrés, toujours réjouis par le soleil, toujours encombrés d’indispensables inutilités, auxquelles l’esprit d’ordre et l’arrangement de mon excellente mère faisait une guerre si impitoyable ? Vous souvient-il du gros Plutarque in-folio qui nous servait tour à tour de pupitre et de siège ? Vous rappelez-vous nos bons gros rires sans cause, nos innombrables facéties, quelque article de critique qui me tançait vertement tout en nous enseignant les principes esthétiques du beau ? Tout cela vous est-il présent comme à moi ? Votre pensée vient-elle parfois chercher l’ami absent pour le faire asseoir à mes côtés, partager vos travaux, applaudir à vos succès, sourire à vos joies ? Oh ! dites qu’il en est ainsi. Dites que rien n’est changé. Dites qu’à mon