Aller au contenu

Page:Littérature Contemporaine - Volume 42, 1889.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui touche les évènements et les circonstances de la vie de Clémence Isaure. La tradition populaire la plus répandue lui attribue l’institution de ces joutes poétiques qui ont reçu le nom de jeux floraux. D’un autre côté, des présomptions portent à croire qu’elle n’en fut que la bienfaitrice, et qu’elle trouva fondé ce collège des troubadours et des maîtres de la gaie science, dont les statuts formaient un code célèbre nommé les lois d’amour. Mais ce qui n’est point douteux, c’est qu’elle légua des biens considérables pour consacrer l’existence ou le maintien de cette poétique, institution.

Aussi, les Capitouls et les habitants de Toulouse lui érigèrent-ils par reconnaissance, vers le milieu du XVIe siècle, une statue de marbre blanc, qui a été placée dans la salle des Illustres à l’Hôtel-de-Ville ou Capitole Toulousain, où elle se voit encore et où elle est couronnée de fleurs tous les ans, au 3 mai, jour de la distribution des prix de poésie.

Mais si l’histoire ne nous fournit rien de précis sur la noble dame Toulousaine, sa personnalité du moins nous reste sous la forme légendaire, et nous pouvons ainsi la tirer de l’ombre et la mettre en lumière avec l’auréole d’attraits et de grâces, dont l’imagination populaire s’est plue à la parer.

La tradition en effet vante sa beauté et ses charmes ; elle fait de touchants récits de l’amour dont s’enflamma pour elle le brillant Lautrec, le vaillant chevalier ; amour partagé par la sensible Isaure, et dont le souvenir a été consacré dans des romances que garde encore la mémoire populaire. Enfin la légende nous raconte dans quelles circonstances la noble Clémence fut amenée à concevoir la pensée de fonder ou de restaurer l’institution de ces jeux-floraux, si chers aux troubadours de la Septimanie. Écoutons donc la légende, et bornons-nous à accompagner, pour ainsi dire, aux accords du