Page:Litterature, n° 19, mai 1921.djvu/25

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Le garçon de café, le matin à l’ouverture, lit sur les vitres, les images éternistes des nouvelles sensationnelles, la veille colportées. Le jour de sainte Catherine, les vieilles filles se tirent les cheveux gris et se savonnent la barbe. Le vent sur la chaussée, joue avec des glaives. Les grelottants reçoivent l’accolade — chevaliers de la misère.

Le gosse de six mois sourit, quand son père conseilla d’arracher la lune, puisqu’elle exhiba des muscles d’une poule la blancheur.

Quand la mère sevra l’enfant, ce fut depuis longtemps la famine. Une vieille dame de la Somme, ruinée à la guerre, lui apprit à manger des pommes et des poires, des raisins et des noisettes — et en hiver — des navets, des carottes, des pommes de terre au sel et du pain sec bien trempé. À chaque repas, il dit — bon encore. — Il aima bien manger et faire un « bon caca ». Ainsi fut-il gros et gras et une négation de la misère.

À l’âge de l’inconscience, il fut la joie de la conscience.

— Comprends donc, dit Lamprido, en montrant à la mère, Zinzin, qui marcha, toujours et partout dans la maison, derrière son père — comprends donc à mon double, toutes les théories nouvelles et anciennes de la religion et de l’âme. — Inutile est le moindre commentaire.

À deux ans, il nia tout. À chaque affirmation, il opposa un non volontaire. Sa mère, se rappelant de la conception, en fut fière.

Eut lieu, en ce temps, la sublime débandade des vaincus. Des troupeaux innombrables de matériel, animal et humain, se bousculèrent par toutes les routes et soulevèrent des nuages de poussière, qui fut simplement de la vermine. Zinzin, à son tour, fut infecté. Avoir des poux fut la mode de cette période transitoire.

Lamprido prépara des bains sulfureux. Épongeant son fils entre les jambes, il crut conclure que Zinzin était prédisposé à l’onanisme et il dansa avec lui le pan-pan.