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LA PHILOSOPHIE POSITIVE

plein d’eau éthérée ou chloroformée : dans ce cas la plante n’absorbe plus d’acide carbonique et ne dégage plus d’oxygène ; elle respire alors uniquement à la manière des animaux, c’est-à-dire qu’elle absorbe de l’oxygène et dégage de l’acide carbonique. D’autre part, si la plante donne naissance, par réduction, à l’amidon, aux matières grasses, les expériences faites sur les abeilles déjà anciennement par Hubert, Milne-Edwards, Dumas, etc., avaient montré que l’organisme animal peut former ces mêmes matériaux sans les emprunter aux végétaux, et la découverte de la glycogénèse hépatique vient confirmer ce fait pour les animaux supérieurs.

Il y a donc des combustions chez les végétaux comme chez les animaux. Il y a aussi des actes de synthèse chimique chez les animaux comme chez les végétaux. Chez les uns comme chez les autres, les actes de synthèse chimique sont des actes préparatoires de la nutrition proprement dite, de la désassimilation qui procède par oxydation et dédoublements. Ces actes synthétiques nous représentent des fonctions spéciales à certains éléments anatomiques (parenchyme hépatique, par exemple), tandis que les actes de nutrition sont communs à tous les éléments. Ainsi, au lieu de la dualité qu’on établissait autrefois entre le règne végétal et le règne animal, nous constatons, au contraire, une véritable unité vitale ; mais si tous les éléments organiques vivent de même, ils ne fonctionnent pas d’une manière semblable, et cette diversité dans le fonctionnement établit seule l’antagonisme réel entre le règne animal et le règne végétal. La principale fonction du végétal est de réduire l’acide carbonique, grâce aux propriétés de la chlorophylle sous l’action des rayons solaires ; transforme des forces vives (lumière et chaleur) en forces de tension qu’elle emmagasine ; au contraire, la principale fonction de l’animal, grâce aux propriétés de ses éléments musculaires et nerveux, est de transformer les forces de tension en forces vives (chaleur, mouvement, etc.).

Aussi ces deux fonctionnements se trouvent-ils, par les rapports naturels des êtres, étroitement enchaînés, de telle sorte que la plante fabrique du combustible que l’animal brûle ; mais au fond de cet antagonisme fonctionnel, l’analyse physiologique nous montre que la vie intime, la nutrition des éléments anatomiques, se fait dans tous les organismes par les mêmes procédés d’assimilation et de désassimilation, seulement l’animal emprunte au