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Page:Littré - Dictionnaire, 1873, T1, A-B.djvu/64

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lviii COMPLÉMENT DE LA PRÉFACE.


mon système, à an. J’ajoute seulement que la consonne qui les termine ne doit jamais, dans cette figuration, être entendue ni s’appuyer sur la voyelle qui suit ; elle doit être prononcée comme si elle était isolée : enivrer, an-ni-vré ; an prononcé comme dans l’an.

III. Les diphthongues propres sont ia, ié, ieu, iou, ion, ui, oin, celles en un mot où l’on entend deux sons en une seule syllabe. Dans la figuration elles sont toutes réduites à l’une de ces six formes, quelle qu’en soit d’ailleurs l’orthographe effective.

IV. Quant aux consonnes, voici les indications.

B ne fait aucune difficulté.

C a été exclu ; quand il a le son de l’s, il est représenté par s : ceci est écrit se-si ; quand il a le son dur, il est représenté par k.

F n’a besoin d’aucune remarque, sauf qu’elle remplace partout le ph : philosophe, fi-lo-zo-f’.

G a deux articulations, l’une dure qui est l’articulation propre, l’autre sifflante qui est accidentelle (voy. le j). Il n’est ici question que de l’articulation dure : devant a ou o, ou l ou r ou toute autre consonne, g est conservé dans la figuration : gamme, ga-m’ ; gond, gon ; gland, glan ; grand, gran ; stigmate, sti-gmate ; devant ue et ui il est remplacé par gh : guerre, ghê-re ; gui, ghi ; figue, fi-gh’. Voyez plus bas gn.

H ne figure que quand elle est aspirée : hache, ha-ch’ ; mais homme, o-m’.

J, qui est une articulation propre à la langue française, est uniquement employé pour figurer cette articulation : gémir, jé-mir ; geôle, jô-l’.

K, qui est proprement le c dur, est employé pour le figurer ainsi que pour figurer le q : queue, keue ; cueillir, keu-llir, ll mouillées ; camard, ka-mar, etc.

L est figurée par l. Quand deux ll, ayant chacune l’articulation qui leur est propre, doivent être dédoublées dans la prononciation, je les dédouble en effet, indiquant de la sorte qu’elles doivent toutes deux être entendues : illisible, il-li-zi-bl’. Voyez plus bas ll mouillées.

M, N, P et R n’ont rien de particulier.

S, dans la figuration, a toujours l’articulation qui lui est propre dans sage, conseil, etc. L’articulation douce est réservée au z.

T est toujours t dans la figuration ; il ne prend jamais l’articulation de l’s.

V et Z aussi sont conservés avec leur valeur alphabétique.

X, à proprement parler, n’est pas une articulation ; c’est la représentation, avec un caractère simple, de deux articulations. Il va sans dire que je l’ai exclu de la figuration, et que j’ai mis chaque fois l’articulation ou les articulations qu’il représente.

Quand deux lettres doublées se font entendre l’une et l’autre, elles sont, dans la figuration, jointes ensemble : immense, i-mman-s’, sauf pour le cas de l’l.

Quand il importe de faire connaître qu’une consonne finale doit sonner, une apostrophe y est jointe : Te Deum, Té-dé-om’.

Il reste trois consonnes véritables que l’orthographe usuelle exprime par une combinaison de lettres, bien que ce soient des articulations simples ; il s’agit de ch, de gn et de ll mouillées.

CH est conservé dans la figuration avec l’articulation qui lui est propre et jamais avec celle de k.

GN est une combinaison destinée à rendre un son qui est propre au français, à l’italien et à l’espagnol[1] ; il n’y a rien à y changer : ignorant, i-gno-ran ; magnanime, ma-gna-ni-m'. Mais il y a quelques cas où gn n’est plus combiné pour représenter cette articulation unique, et où sont

  1. L’italien le rend par gn comme le français, l’espagnol par ñ.