Page:Littré - Pathologie verbale ou lésions de certains mots dans le cours de l’usage.djvu/17

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qu’un, avouer n’a pas eu de peine à signifier : approuver une personne, approuver ce qu’elle a fait en notre nom. Enfin une nouvelle transition, légitime aussi, où l’on considère qu’avouer une chose c’est la reconnaître pour sienne, mène au sens de confesser : on reconnaît pour sien ce que l’on confesse. Et l’avoué, que devient-il en cette filière ? Ce substantif n’est point nouveau dans la langue, et jadis il désignait une haute fonction dans le régime féodal, fonction de celui à qui l’on se vouait et qui devenait un défenseur. L’officier ministériel d’aujourd’hui est un diminutif de l’avoué féodal ; c’est celui qui prend notre défense dans nos procès.

Bondir. — Supposez que nous ayons conservé l’ancien verbe tentir (nous n’avons plus que le composé retentir), et qu’à un certain moment de son existence tentir change subitement de signification, cesse de signifier faire un grand bruit, et prenne l’acception de rejaillir, ressauter ; vous aurez dans cette supposition l’histoire de bondir. Jusqu’au quatorzième siècle, il signifie uniquement retentir, résonner à grand bruit ; puis tout à coup, sans qu’on aperçoive de transition, il n’est plus employé que pour exprimer le mouvement du saut ; il est devenu à peu près synonyme de sauter. Nous aurons, je crois, l’explication de cet écart de signifi-