Page:Littré - Pathologie verbale ou lésions de certains mots dans le cours de l’usage.djvu/82

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Sobriquet. — Sobriquet appartient de plein droit à la pathologie. Il lui revient par la malformation ; car tout porte à croire qu’il en a été affecté, soit par vice de prononciation, soit par confusion de l’un de ses éléments avec un vocable plus usuel. Il lui revient encore par l’étrange variété de significations qui a conduit depuis l’acception originelle jusqu’à celle d’aujourd’hui. Le sens propre en est : petit coup sous le menton. Ce sens passe métaphoriquement à celui de propos railleur, et finalement à celui de surnom donné par dérision ou autrement, qui est le nôtre. En étudiant de près le mot, je m’aperçus que soubsbriquet (c’est l’ancienne orthographe) est exactement synonyme de sous-barbe et de soupape, qui signifient aussi coup sous le menton. Sous-barbe s’entend de soi ; quant à soupape, il est formé de sous et de pape, qui veut dire la partie inférieure du menton ; il est singulier que la langue ait eu trois mots pour désigner cette espèce de coup. Cela posé, briquet m’apparut comme synonyme de barbe, de pape, et signifiant le dessous du menton. Mais il se refusait absolument à recevoir une telle acception. J’entrai alors dans la voie des conjectures, et il me sembla possible que briquet fût une altération de bequet : soubsbequet, coup sous le bec. J’en étais là de mes déductions, quand l’idée me vint de chercher dans mon Supplément, et je vis que cette même conjecture avait été émise de point en point