Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le père qui me engendra ; je ne dy mie qu’il ne couchast en mon lit, maiz ce fut sans villennie et sans mal y penser. » Si en furent maintes gens esbahis, qui cuidoient que aultrement feust, et pour tant ne laissa pas à estre blasmée ou temps passé et son honnour blessié, et pour ce a grant peril à toutes bones dames de trop avoir le cuer au siècle, ne d’estre trop desirables d’aler à telles festes, qui s’en pourroit garder honnourablement ; car c’est un fait où moult de bonnes dames reçoivent moult de blasmes sans cause. Et si ne dis-je mie qu’il ne conviengne parfoiz obéir à ses seigneurs et à ses amis et y aler. Mais, belles filles, se il advient que vous y ailliez et que vous ne le puissiez refuser bonnement, quant vendra la nuit que l’en sera à dancier et à chanter, ue pour le peril et la parleure du monde vous faciez que vous ayiez tousjours de costé vous aucun de voz gens ou de voz parens ; car se il advenoit que l’en estaingnist voz torches et la clarté, qu’ilz se tenissent près de vous, non pas pour nulle doubtance de nul mal, maiz pour le peril de maivais yeulx et de mauvaises langues, qui tousjours espient et disent plus de mal qu’il n’y a, et aussy pour plus seurement garder son honnour contre les jangleurs, qui voulentiers disent le mal et taisent le bien.