Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/80

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Cy parle de ce que on doit faire quand on se liève.
Chappitre Ve.



Belles filles, quand vous prendrés à vous lever, si entrez au service du hault seigneur et commanciés vos heures. Ce doit estre vostre premier labeur et vostre premier fait, et, quant vous les dirés, dictes-les de bon cuer et ne pensez point ailleurs que vous puissiez ; car vous ne pourriez aler deux chemins à un coup, ou vous yrez l’un, ou vous yrez l’autre. Ainsi est-il du service de Dieu. Car, si comme dit le saige en sa sapience, autant vault celui qui oit et riens n’entent comme celluy qui chasce et riens ne prent ; et, pour tant, cellui qui pense ès choses terriennes, et dit paternostres et oroisons qui touchent choses celestielles, c’est un fait contraire et une chose qui riens ne prouffite ; ce n’est fors que à mocquer Dieu, et pour ce dit la Saincte Escripture que la briefve oroison perce le ciel. Mais c’est à entendre que plus vault une briefve oraison courte dicte de bon cuer et devotement que une grandes heures et longues et penser ailleurs, ou que autres qui parlent d’aucunes choses leurs heures disant. Mais toutes voyes qui plus en dist devottement et plus vault et en a l’en plus de merittes. Et encores dist la Saincte Escripture que, tout ainsi comme la doulce rousée d’avril et de may plaist à la