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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/289

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par M. Locke.

à la merci du vainqueur ; leur service et leurs biens sont devenus son bien propre, et il peut les employer pour réparer le dommage qui lui a été causé : mais il ne peut prendre ce qui appartient aux femmes et aux enfans, qui ont leur droit et leur part aux biens et aux effets dont leurs maris ou leurs pères ont joui. Par exemple, dans l’état de nature (tous les états sont dans l’état de nature, les uns au regard des autres) j’ai fait tort à un homme ; et ayant refusé de lui donner satisfaction, nous en sommes venus à l’état de guerre, dans lequel, quand même je ne ferois que me défendre, je dois être regardé comme l’agresseur. Je suis vaincu et subjugué. Ma vie est certainement à la merci de mon vainqueur, mais non ma femme et mes enfans, qui ne se sont point mêlés de cette guerre : je ne puis point leur faire perdre le droit qu’ils ont sur leur vie, comme ils ne peuvent me faire perdre celui que j’ai sur la mienne. Ma femme a sa dot, ou sa part à mes biens ; et elle ne doit pas la perdre par ma faute. Mes enfans doivent être nourris et entretenus de mon travail et de ma subsistance : or, c’est ici le même cas. Un conquérant a droit de demander la réparation du dommage qu’il a reçu ; et les