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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/368

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Du Gouvernement Civil,

fassent un bon usage de leur prérogative. Je réponds, que c’est le peuple qui doit juger de cela. En effet, qui est-ce qui pourra mieux juger si l’on s’acquitte bien d’une commission, que celui qui l’a donnée, et qui par la même autorité, par laquelle il a donné cette commission, peut désapprouver ce qu’aura fait la personne qui l’a reçue, et ne se plus servir d’elle, lorsqu’elle ne se conforme pas à ce qui lui a été prescrit ? S’il n’y a rien de si raisonnable et de si juste dans les cas particuliers des hommes privés, pourquoi ne sera-t-il pas permis d’en user de même à l’égard d’une chose aussi importante, qu’est le bonheur d’un million de personnes, et lorsqu’il s’agit de prévenir les malheurs les plus dangereux et les plus épouvantables ; des malheurs d’autant plus à craindre, qu’il est presque impossible d’y remédier, quand ils sont arrivés ?

XXVI. Du reste, par cette demande, qui en jugera ? on ne doit point entendre qu’il ne peut y avoir nul juge ; car, quand, il ne s’en trouve aucun sur la terre pour terminer les différends qui sont entre les hommes, il y en a toujours un au Ciel. Certainement, Dieu seul est juge, de droit : mais cela n’empêche pas que chaque homme ne