Page:Locke - Oeuvres diverses, 1710.djvu/150

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L’on me répondra sans doute, que les orthodoxes ont ce privilège sur les hérétiques. Mais ce sont là de grands mots et des termes fort spécieux, qui ne signifient rien au bout du compte. Chaque Église est orthodoxe à son égard, quoiqu’elle soit hérétique à l’égard des autres ; elle prend pour la Vérité ce qu’elle croit, et traite d’erreur l’opinion qui est contraire à la sienne. De sorte que la dispute entre ces deux Églises, sur la vérité de la doctrine et la pureté du culte, est égale de part et d’autre, et qu’il n’y a point de juge vivant à Constantinople, ni même dans toute la Terre, qui la puisse déterminer. Cette décision n’appartient qu’au souverain juge de tous les hommes, et c’est lui seul qui a le droit de punir les hérétiques. Je laisse donc à penser quel est le crime de ceux qui joignent l’injustice à l’orgueil, si ce n’est pas même