Page:Lockroy - Lettres sur la marine française, paru dans Le Temps, 25 août 1903.djvu/12

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Ce découragement de la maistrance est peut-être un malheur irréparable. Il peut porter un coup mortel à notre puissance navale. Qui s’en inquiète en haut lieu ? Le budget de cette année encore est muet sur ce point. La grosse affaire paraît avoir été de confier à deux électeurs de Toulon, dont l’un tient un bar ; dont l’autre, pêcheur de corail, s’intitule sur sa carte de visite « Sauveteur en tous genres », le soin de retirer du fond de la mer où il a coulé, un contre-torpilleur de 300 tonnes : l’Espingole. Bien entendu, ces deux électeurs n’avaient à leur disposition ni hommes, ni capitaux, ni bateaux. On mit alors sous leurs ordres, ce qui est un peu excessif, un lieutenant de vaisseau et les vétérans de l’arsenal de Toulon. Et comme ce n’était pas assez, on leur prêta, sans rétribution aucune, pour une valeur d’un million à peu près, tout le matériel de l’arsenal en chaînes, bois, chalands, remorqueurs, etc., etc. Au cas où les vétérans auraient ramené à terre l’Espingole, les deux électeurs, d’après le marché communiqué à la commission du