Page:Lockroy - Lettres sur la marine française, paru dans Le Temps, 25 août 1903.djvu/3

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peut-être le dit-on trop. Mais ce n’est pas une raison pour que la France renonce à toute combinaison stratégique. Ni l’Allemagne, ni l’Angleterre, ni l’Italie ne paraissent non plus vouloir tenter, en ce moment, la fortune des armes. Cependant elles organisent des forces navales capables de se mesurer avec l’ennemi ; elles les distribuent sur leurs côtes d’après un plan bien arrêté à l’avance et dont la pensée directrice saute aux yeux. Elles savent que tout grand organisme militaire qui n’est pas dominé par cette idée qu’un conflit peut éclater inopinément, se condamne fatalement à la défaite.

Ce projet de concentration de nos forces de mer, on le connaît. Il s’agissait de réunir, dans la Méditerranée, les unités les plus puissantes et de faire porter là notre grand effort si, par malheur, la guerre était déclarée. C’est dans la Méditerranée que, quel que soit notre adversaire, nous avons chance d’avoir, dans de certaines circonstances ou à de certains moments la supériorité du nombre ;