Page:Lockroy - Lettres sur la marine française, paru dans Le Temps, 25 août 1903.djvu/4

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que deux formidables points d’appui doublent la force de nos escadres : Toulon et Bizerte, bien supérieurs à Gibraltar et à Malte, par cette raison qu’ils ont, tous deux, derrière eux, le réservoir inépuisable en vivres, en munitions et en hommes d’un continent ; que dans la Méditerranée se trouve, isolé, un morceau de la France, la Corse et, bordant le littoral africain, nos plus riches colonies : l’Algérie et la Tunisie ; qu’enfin, c’est dans la Méditerranée que se rencontre le champ de bataille le plus favorable à notre marine : telle au moins que l’ont constituée, depuis plus de deux siècles, les traditions et la politique navale de notre pays.

Si, pour des raisons tactiques, politiques, géographiques, il a semblé que le gros de nos forces devait rester dans le Midi, il ne pouvait être question d’abandonner le Nord et de laisser la Manche et l’Océan, sans armes et sans moyens d’action. Dans la rade de Brest, à l’abri de toute atteinte, on voulait concentrer aussi nombreux que possible, les grands croiseurs destinés à la guerre commerciale et aux