Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/103

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S’il a été plus facile de l’adapter ensuite à différents états de science et de civilisation, il ne lui en est pas moins resté de son origine une sorte de répugnance et de défiance, généralement payées de retour, à l’égard de la civilisation et de la science. L’orthodoxie protestante, fondée sur l’Evangile, est-elle beaucoup moins gênée que l'Eglise catholique en présence du mouvement moderne ? Il est incontestable que le progrès intellectuel et la civilisation ne sont pas le but suprême de la vie ni le bien le plus précieux de l’humanité. Mais l’Evangile n’en ignore-t-il pas entièrement la valeur secondaire ? On devrait se contenter de dire qu’il est le condiment sans lequel science et progrès n’élèvent pas réellement l’homme. S’est-on demandé où l’Evangile aurait pu aboutir, s’il n’eût pris contact avec la science grecque ? Est-il bien certain que cette alliance n’ait aucunement contribué à la conservation de son essence morale ? Cependant, au point de vue de l’Évangile, la science et la civilisation n’étaient pas des biens accessoires ; ce n’était rien, et ce ne pouvait rien être dans la perspective du royaume.

Science et civilisation ont donc aussi leur raison