Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

féconde en fruits de vertu ; les deux se complètent l'une l’autre, mais elles supposent également le royaume à venir, sans l’anticiper dans la vie présente.

Enfin ce n’est pas précisément par la connaissance de Dieu que le Christ entend sauver les hommes ; s’adressant aux Juifs, il suppose Dieu connu et ne prétend pas même le leur faire connaître sous un nouvel aspect. Le message de Jésus se renferme dans l’annonce du royaume prochain et l’exhortation à la pénitence pour avoir part au royaume. Tout le reste, qui fait la préoccupation commune de l’humanité, est comme non avenu.

Quelles qu’aient été la valeur intrinsèque et l’efficacité morale de l’espérance dont le Christ a été l’interprète, rien n’était fait, dans le temps même où cette espérance se manifesta, pour la concilier avec toutes les réalités auxquelles elle s’est depuis accommodée. L’œuvre d’adaptation dure encore, et M. Harnack, après bien d’autres, s’est efforcé d’y travailler. Mais il est trop enclin à supposer que l’accord était formé dès le début, ou bien qu’il n’y avait qu’à prendre l’Évangile tel quel, pour l’appliquer à tous les états possibles