Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/115

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C’est toujours un témoignage considérable en ce qui concerne l’évolution de la christologie au premier âge de l’Eglise ; mais un critique ne devrait l’utiliser qu’avec la plus grande réserve, quand il s’agit de fixer l’idée que le Christ enseignant a pu donner de sa personne, de sa filiation divine et de sa mission.

Ainsi donc le texte sur lequel M. Harnack a fondé sa théorie du Fils de Dieu n’est pas plus indiscutable et ne favorise pas plus sa thèse que celui où il trouve définie la notion du royaume de Dieu dans le cœur de l’homme. Pas plus que celle du royaume, l’idée évangélique du Fils de Dieu n’est une notion psychologique, signifiant un rapport de l’âme avec Dieu. Rien absolument ne prouve, et même le texte cité ne dit pas que Jésus soit devenu Fils parce qu’il aurait le premier connu Dieu comme père. Le rédacteur évangélique n’en tend nullement signifier que Dieu n’était pas connu comme père avant la venue de Jésus ; il veut dire, et il dit très clairement, que le Christ, le Fils, est seul à connaître parfaitement Dieu, le Père, et cela parce qu’il est Fils, tout comme le Père, Dieu, est seul à connaître parfaitement