Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/114

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avec une préférence marquée, le nom de Père [1] ! à l'éloge de la Sagesse correspond la déclaration concernant la connaissance réciproque du Père et du Fils ; l’appel du Christ aux petits et à ceux qui peinent en ce monde semble s’inspirer de l’invitation que la Sagesse adresse aux ignorants, dans la dernière partie de la prière de Ben Sira. Ces affinités ne sont pas fortuites. Et comme il est malaisé d’admettre que Jésus, dans une oraison ou un discours tout spontanés, ait voulu imiter l’Ecclésiastique ; comme le passage principal est une profession de foi chrétienne et non une prière du Christ ; comme on trouve un autre endroit, en Matthieu, où le Sauveur paraît avoir été identifié à la Sagesse divine [2], il est très probable que, nonobstant sa présence dans deux Evangiles, le morceau où se trouve le texte allégué par M. Harnack est, au moins dans sa forme actuelle, un produit de la tradition chrétienne des premiers temps.

  1. Cf. ECCLI. LI, 10 (en lisant : « le Seigneur mon Père », et non « le Seigneur, père de mon Seigneur»).
  2. Cf. MATTH. XXIII, 34-36 (passage attribué à la Sagesse dans Luc, xi, 49-51).